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Transat Jacques Vabre : Damien Seguin, hissé par les flots

Transat Jacques Vabre : Damien Seguin, hissé par les flots

C’est le dimanche 28 novembre que Damien Seguin est arrivé à Fort-de France avec son coéquipier Benjamin Dutreux. Après trois semaines de traversée, l’équipage du Groupe Apicil se hisse à la 11ème place de la Transat Jacques Vabre dans la catégorie Imoca (voiliers monocoques) et 1er dans la catégorie Imoca sans foils (sans aile portante).

Crédits photos : Jean-Marie LIOT

ONAIR – Damien Seguin vous êtes un navigateur aguerri, triple médaillé paralympique et quintuple champion du monde. Quels sont vos autres facteurs de succès ? Damien Seguin – L’entourage ! Plusieurs personnes constituent mon équipe, chacune dans un domaine. Les bateaux comme les Imoka sont de « gros dossiers » à gérer au niveau administratif et technique : composite, informatique, voiles, etc. Notre team s’est créée avec le projet Vendée Globe en 2018 quand nous avons acquis ce bateau les compétences se sont agrégées au fur et à mesure.

OA – Au-delà de tous ces champs d’intervention fondamentaux, comment vous préparez-vous physiquement à une course telle que la Jacques Vabre ? DS – Le bateau est énorme et cela demande en effet d’être prêt physiquement et mentalement. En mer, nous vivons longtemps dans des conditions assez dures : On dort peu, il y a de l’humidité, le bateau est exigeant, les voiles lourdes… Nous avons donc besoin d’être préparés. Sur les aspects physiques, je travaille l’endurance, le cardio et fais de la natation et du vélo … Mais cela ne sert à rien d’être super fort physiquement si l’on n’est pas agile et que l’on ne travaille pas sur les propriétés, l’attitude à avoir sur un bateau. Nous travaillons donc sur d’autres qualités physiques comme le gainage ou l’aptitude à supporter le manque de sommeil et le bruit par des techniques de yoga.

Crédits photos : Jean-Marie LIOT

OA – Quand et comment est née votre passion pour la navigation ?
DS
– C’est en Guadeloupe que j’ai découvert l’univers de la voile et des spots nautiques. J’y suis arrivé à l’âge de 10 ans et j’en suis reparti à 20 ans pour intégrer un centre sportif de haut niveau. Mes parents y vivent encore. Alors, comment cela s’est passé… J’ai vu la Route du Rhum arriver en 90 et cela m’a fasciné et m’a donné envie d’en faire. J’ai commencé peu après par de l’optimist.

OA – Vous êtes né sans main gauche. La voile était une évidence en termes d’envie mais dans la réalité, comment cela s’est-il traduit?
DS
– Au début il y a eu une vraie adaptation nécessaire : nous bricolions le bateau avec mon père. Mes premiers entraineurs n’ont pas vraiment cru à ma capacité à faire du bateau avec le handicap. La voile exige de maitriser son corps dans un environnement qu’on ne maitrise pas et c’est sportif. Puis cela s’est imposé : « Damien est comme il est et on le traite comme n’importe quel gamin sur un bateau. » S’est installée une relation qui n’était plus dans le négatif mais où j’avais un avenir de progression, aux alentours de 12-13 ans.

Crédits photos : Jean-Marie LIOT

OA – Jusqu’au jour où vous avez décidé de vous y consacrer pleinement…
DS
– Je venais de passer mon bac. J’étais à l’université à Fouillole. C’est à moment-là que je décide d’en faire ma vie. Avec un ami, Thibaut Vauchel-Camus, nous avions été vice-champion du monde de hobie cat. L’Ecole nationale de voile à Quibron nous envoie un courrier pour faire une formation de haut niveau. Ce centre a pensé à nous : « ces deux gamins-là ont la capacité de faire ». On avait du potentiel et il se vérifie ; on a tous les deux fait carrière dans ce sport et l’on est tous les deux sportifs de haut niveau. Thibaut est d’ailleurs aussi engagé dans la Jacques Vabre !

OA – Vous avez donc toujours gardé le cap !
DS
– (Rires). En effet, je fonctionne toujours avec des objectifs. Quand j’ai commencé ma formation, c’était pour participer aux Jeux Olympiques. Quand j’ai fait du grand large, c’était pour boucler la boucle en faisant la Route du rhum. La transat Jacques Vabre c’est dans la perspective du Vendée Globe…

OA – Vous êtes un modèle pour les jeunes et particulièrement pour ceux qui pourraient vivre leur handicap comme un obstacle. Comment embrassez-vous ce rôle ? DS – Au fur et à mesure des années j’ai en effet eu un rôle modèle (plutôt que d’être un modèle). J’ai été le premier skipper à faire la Route du Rhum avec un handicap, à dire aux enfants qu’il est possible de relever les défis même si ce n’est pas facile. Il est important que mon parcours serve aux autres et pas seulement à moi. Mon association « Des pieds et des mains » permet donc à une centaine d’enfants de naviguer chaque année. En Guadeloupe et en Martinique notamment elle aide des clubs de voile ou des associations tournées vers l’inclusion, par exemple par l’achat de matériel adapté qui permet la découverte de la voile.

UN NAVIGATEUR DÉTERMINÉ ET ENGAGÉ En voile paralympique comme en course au large, Damien Seguin vogue sur une vague de succès : Triple médaillé paralympique en 2.4 mR – médaillé d’Or à Athènes et à Rio et d’argent à Pékin) et quintuple champion du monde, il évolue et progresse avec détermination. Il a très tôt montré que son handicap n’était pas un frein à sa participation et à sa réussite en sport de haut niveau, paralympique ou pas. Après une belle 6ème place pour son voilier lors de la Route Du Rhum 2018, il s’attaque au Vendée Globe en 2020, tour du monde sans escale et sans assistance ; inédit pour un skipper handi-voile. Le Groupe APICIL – mutuelle et prévoyance – soutient ses challenges, promouvant la pratique du sport pour tous et à tous niveaux. C’est aussi ce à quoi Damien Seguin œuvre à travers son association « Des Pieds et Des Mains ». Suite au refus des organisateurs de la Solitaire du Figaro de valider son inscription en raison de son handicap, il l’a créée en 2005 pour « faire voler en éclats les préjugés sur le handicap par une pratique mixte de la voile ». « Je suis né sans main gauche, on m’a fermé des portes simplement parce que je voulais faire comme les autres. Mais je n’ai pas lâché mon rêve, j’ai voulu faire respecter mes droits. C’est inconcevable de ne pas donner leur chance à ceux qui veulent aller au bout de leur rêve ! (…) Chacun à la ressource pour se dépasser. Ne pas lâcher : c’est ce qui permet de faire bouger les lignes. Il faut continuer à croire en ses rêves ! »

PLUS D’INFORMATIONS: https://voile.groupe-apicil.com

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