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Une journée de l’abattis attendue…

Une journée de l’abattis attendue…

« Sans abattis, on ne peut pas vivre » affirme Sandra Suitman.
A l’image du jardin créole, l’abattis est au cœur des sociétés traditionnelles à Camopi en Guyane française.

C’est l’agitation ce vendredi 8 octobre, au petit matin au « dégrad » du bourg de Camopi en Guyane, point de chargement et de déchargement des embarcations. Les agriculteurs déchargent les pirogues chargées de fruits et légumes, tandis que d’autres arrivent avec la brouette pour transporter les produits de l’abattis et de l’artisanat. Les visiteurs sont déjà présents et impatients de pouvoir choisir les plus belles pièces.

UNE GRANDE VARIÉTÉ DE PRODUITS ~ Accueillis par les agents du Parc Amazonien de Guyane (PAG), c’est une quinzaine d’exposants  qui s’installent sur la Place des fêtes, sous la protection du grand Kumaka* (arbre fromager). Piment, tukupi, ananas, ignames, papayes, coriandre, bananes, tomates, cocos, gibiers, de l’artisanat en aroumans, des ustensiles de cuisine, des porte-bébés ou des hamacs en coton, et des bijoux en perles de corail : autant de produits diversifiés que l’on peut trouver sur les stands, pour le plus grand plaisir des visiteurs ! Les objets artisanaux à peine exposés sont déjà dans les mains des femmes qui les utilisent au quotidien pour la cuisine : tamis, couleuvre, petit panier, walwari, cuillère en bois… Quant aux bijoux et parures en perle, ils sont la récompense pour toutes ces femmes méritantes qui travaillent à perpétuer les gestes et les valeurs culturelles Teko et Wayapi. « la culture de l’abattis est en train de se perdre » nous confie Sandra, « il faut motiver les enfants pour aller l’abattis, sans abattis on ne peut pas vivre » ajoute-t-elle. Le contexte sanitaire que nous vivons et ses conséquences dans le porte-monnaie viennent nourrir l’idée que la production de l’abattis est nécessaire, voire vitale pour la population dans les territoires isolés. « Les produits sont vendus sur place, les commandes sont passées, les échanges s’opèrent via le troc : il y a un côté solidaire et à la fois collectif » nous confie Siméon Monerville, l’animateur de la manifestation.

DES RECOMPENSES BIEN MÉRITÉES ~ Ainsi, les concours suivants ont pu être lancé : le stand le plus varié, la plus belle racine et le plus gros régime de bananes pour cette édition 2021. Les heureux gagnants ont pu partir avec des lots utiles pour le jardin. Les œuvres du concours de LAND’ART ont pu être exposées et récompensées sur la Place des fêtes. Le concours de la plus belle tenue traditionnelle teko ou wayapi a connu un succès auprès de sept jeunes filles.

VISITE DE L’ABATTIS ~ Une visite programmée du chantier d’insertion de Ka’Agriculture a révélé 14 jeunes camopiens, qui ont fait le choix de l’agriculture pour leur avenir, encadrés par Justin Tartar de l’association Liane. Fernando Yakali est le chef d’équipe, il s’occupe du chantier sur place. “Chaque personne est motivée et ils ont tous des projets. Tout ce que j’apprends, je le partage avec ma famille. Ils sont fiers, mes parents sont contents et moi aussi “ nous confie Fernando. “Une bonne ambiance, une motivation, les jeunes s’approprient le projet, de plus en plus !” souligne Justin. L’objectif final est d’acquérir les compétences nécessaires pour développer leur propre projet professionnel. C’est permettre aussi de diversifier l’alimentation des habitants, d’apprendre de nouvelles techniques agricoles et de proposer des produits frais aux nouveaux résidents : enseignants, administratifs, gendarmes, etc. Un marché mensuel voire hebdomadaire est souhaité par tous. Ambiance conviviale pour une journée qui a réuni les camopiens autour de la culture de l’abattis, du partage et du vivre ensemble.

CONTACT : https://www.parc-amazonien-guyane.fr/

Auteur : Jean-Maurice Montoute

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