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ROKHAYA DIALLO, UNE PARISIENNE LOIN DES STÉRÉOTYPES

ROKHAYA DIALLO, UNE PARISIENNE LOIN DES STÉRÉOTYPES

Rokhaya Diallo

Parisienne née d’un père gambien et d’une mère sénégalaise, Rokhaya Diallo est journaliste, écrivaine et réalisatrice.  Elle n’est plus à présenter en France tant elle est connue pour ses interventions dans le débat public et la lutte qu’elle mène pour une société française plus égalitaire. Elle est la première noire de France à élever la voix contre l’invisibilisation des minorités de manière récurrente et à une heure de grande écoute à la télévision et aborde des sujets restés longtemps tabous en terre française. Elle lutte contre toutes les discriminations – raciales, de genre et d’orientation sexuelle – et sillonne l’Europe pour faire entendre sa voix. Elle est le symbole de cette nouvelle génération de français, qui pointe le doigt et dénonce la violence de l’assimilation à tout prix à la culture française en faisant fi des cultures propres à chacun. Elle s’intéresse aux territoires français d’outre-mer qui chérissent et mettent en avant leurs spécificités culturelles et prônent une vision du monde qui n’est pas tout à fait identique à celle de l’Hexagone malgré des valeurs communes partagées. C’est pour elle la preuve que les cultures peuvent cohabiter en bonne entente sans hiérarchisation.

Légendes : 1. La journaliste  Rokhaya Diallo se faisant interviewer 2. De gauche à droite ; Priscilla Rémy,  Rokhaya Diallo, Katarina Jakobson et Corinne Sainte-Luce 3. Les professeurs d’anglais du Lycée Général et Technologique de Baimbridge
Crédits photos : @François-Xavier PEROVAL 

ONAIR- Vous êtes avec Corinne et Pierre Sainte Luce à l’origine de la venue d’Ayo Tometi, co-fondatrice de #BLACKLIVESMATTER, pourquoi elle ?

Rokhaya Diallo J’ai eu la chance de découvrir l’Hotel Arawak Beach Resort lors de mes différentes venues en Guadeloupe, et à force d’échanges avec Pierre et Corinne Sainte Luce, nous avons évoqué l’idée de faire de cet hôtel tourné vers la culture, un lieu d’échanges international. J’ai tout de suite pensé à Ayo Tometi qui est d’abord une amie, et d’autre part une personne dont l’engagement a une résonnance internationale et dont les luttes pourraient avoir un écho auprès des guadeloupéens étant donnée l’histoire du territoire.

OA – Quel est l’intérêt pour la Guadeloupe, de recevoir un personnage tel qu’Ayo Tometi ?

RD Inviter Ayo en Guadeloupe, est conférer une visibilité différente au territoire, décentrer le regard qu’on peut avoir sur la France, inviter une personne très visible sur le plan international en France, sans qu’elle ne passe par Paris. Et rappeler que la Guadeloupe peut-être une porte d’entrée en Amérique.

OA – Quels sont vos liens avec la Guadeloupe ? On vous y voit assez souvent.

RD J’ai un lien symbolique assez fort avec la Guadeloupe car j’y ai été invitée pour la première fois en 2015 pour participer au Festival le FEMI et y présenter mon premier documentaire « Les Marches de la Liberté ». Il a remporté le prix du meilleur documentaire francophone et j’en ai été extrêmement touchée. En 2011, le réalisateur Guadeloupéen et militant Brother Jimmy avait déjà fait un sujet sur moi dans B Word Connection et m’avait introduite de cette façon au militantisme guadeloupéen.

OA – Les iles françaises de la Caraïbe peuvent-elles influer sur la difficulté de la France à embrasser sa diversité culturelle ?

RD –  Les iles françaises de la Caraïbe sont un démenti éclatant de toutes les thèses qui disent que la France n’est pas un pays multiculturel. La France est de facto, par la constitution même de son territoire, une entité multiculturelle, et je crois que regarder la France à travers les territoires d’Outre-Mer, c’est la comprendre dans sa complexité et dans sa pluralité.

OA – En quoi le Tout-Monde-Nouveau-Monde représente l’avenir ? 

RD Cette philosophie d’Edouard Glissant est l’avenir car elle a été pensée par Glissant dans le contexte de la violence coloniale.  Une identité remarquable est née à la fois de cette violence et à travers des formes de résistances et de rencontres. Le Tout Monde est né dans la Caraïbe française de tout cela et de tout ce que le monde a à proposer.

OA – Êtes-vous sereine pour une France plus inclusive ?

RD Je ne suis pas sereine car beaucoup vivent des situations très difficiles, subissent des violences de toutes sortes car nous vivons une période très brutale faite de rejets de l’altérité, mais je suis optimiste car je crois en une jeunesse très consciente politiquement qui propose un regard extrêmement inspirant sur le monde.

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