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CARNAVAL DE MARTINIQUE : UNE FÊTE ANCRÉE DANS L’HISTOIRE DE L’ÎLE, MULTICOLORE ET DÉCHAÎNÉE !

CARNAVAL DE MARTINIQUE : UNE FÊTE ANCRÉE DANS L’HISTOIRE DE L’ÎLE, MULTICOLORE ET DÉCHAÎNÉE !

Carnaval de Martinique : Une fête ancrée dans l’histoire de l’île, multicolore et déchaînée !

Le très attendu carnaval de Martinique se tiendra du 18 au 22 février 2023. 5 jours de liesse durant lesquels population locale et visiteurs pourront fêter, danser, chanter et se réinventer, en toute liberté. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore les spécificités de l’île aux fleurs en la matière, petite déambulation à travers les Jours gras et ses personnages typiques et bien ancrés.

Moderne car sans cesse renouvelé, tout en étant ancré dans l’Histoire et empreint de multiples héritages, le carnaval de la Martinique est unique en son genre. Né aux 18ème siècle durant la période de l’esclavage, il trouve ses origines dans des célébrations d’antan. Traits d’union au sein d’un peuple hétéroclite et brassé, elles réunissaient des personnes qui avaient leurs cutures en dénominateurs communs. Les pas de danse y raisonnaient au rythme d’une musique effrénée. La fête était alors un exutoire qui permettait, outre de raviver les racines, de dénoncer, par la dérision, injustices et autres sources de mécontentements quotidiens. De nos jours, le carnaval offre toujours l‘occasion de satyres basées sur des faits d’actualité ou sur des personnalités publiques. Mais il est avant tout un moment de convivialité, de partage et de joie collective, de créativité aussi. Contrairement au très codifié carnaval du Brésil, celui de Martinique laisse libre cours aux participants d’être ce qu’ils souhaitent, comme ils le souhaitent, sans règles ni contraintes, en toute spontanéité. L’on voit donc défiler dans les rues des costumes de toutes natures : sophistiqués, sur-mesure, sobres, improvisés, minimalistes aussi parfois… Et chaque Jour Gras ou presque donne le la sur une ambiance ou thématique particulière.

Légendes : Maryann La Po Fig 1. Diablesses du  Mercredi des Cendres.
2. Mariage burlesque. Crédit photos : ©G.Germain

DIMANCHE GRAS, LE HAUT VOL ~ Bien que les aficionados se retrouvent dans des soirées très costumées quelques semaines avant le carnaval, c’est le 1er dimanche après l’épiphanie que celui-ci est officiellement lancé. Le Dimanche Gras est un jour chatoyant et spectaculaire. La Reine du Carnaval fait son apparition. Les groupes à pied sont de sortie, parés de costumes éclatants et chorégraphiant leurs morceaux les plus connus ou d’autres inédits. Ils donnent le tempo et battent la chaussée en invitant le plus grand nombre à les suivre.

Les orchestres de rue sont aussi de la partie, suivis par les carnavaliers qui chantent, sautent et dansent sur la musique des percussionnistes et des soufflants. C’est le jour du grand défilé. Un bruit de fond se fait entendre où qu’on aille : celui des « bradjaks », de vieilles voitures spécialement bariolées pour l’occasion et légendées par des slogans critiques sur le « système ». Le Dimanche Gras est aussi celui de la première sortie des hommes d’argile. Ils en sont intégralement couverts de cette matière et restent figés, en pleine rue, comme des statues, formant ainsi des tableaux d’ensemble. Bluffant ! 

Légende : Nèg gro siro. ©G.Germain

L’on croise aussi le chemin des « Nèg Gwo Siwo », des hommes qui s’enduisent tout le corps de mélasse de sucre de canne en hommage aux anciens esclaves fugitifs, les Nèg’ Marrons. Parés de ce liquide noir et visqueux, ils se plaisent à approcher les passants qui les fuient d’un grand éclat de rire ou en poussant de petits cris de peur d’être marqués par la substance. Mais le plus attendu du Dimanche Gras est sa majesté Vaval, le roi du carnaval. Chaque année, cette gigantesque mascotte conçue par des artistes locaux, est une représentation fidèle, allégorique ou symbolique d’un sujet fort de l’année écoulée ou d’une personnalité marquante. Vaval marque le début et la fin du carnaval comme nous le verrons…. Déambulons encore…

LUNDI GRAS : DU PYJAMA A LA ROBE DE MARIEE ~ A l’aube, un « vidé », défilé de rue sur le son des tambours, réunit des lève-tôt et des couche-très-tard tout juste sortis de soirées. Les pyjamas, on l’a compris, sont l’habit phare du défilé. Les chemises de nuit aussi, y compris portées par des hommes, dans la lignée de la traditionnelle inversion des genres qui caractérise aussi le carnaval martiniquais. Ce vidé aux aurores est souvent suivi d’un moment convivial où voisins et amis partagent boudins créoles ou Tinain-lan mori (bananes ébouillantées avec de la morue séchée), un plat anciennement dévolu aux travailleurs agricoles et aujourd’hui consommé et apprécié par tous, qui permet de reconstituer son capital énergie. Idéal pour anticiper le vidé de l’après-midi. Quelques heures de repos et tout repart ! Au cœur du défilé du Lundi Gras, le mariage burlesque : la femme est le marié – souvent en veston, moustaches dessinées ou collées sur le visage – et l’homme est la mariée, en robe blanche chantilly ou avec de simples dessous blancs symboliques de la nuit de noce. L’on trinque aux mariés : le Lundi Gras, le vidé bas son plein !

MARDI GRAS : LES DIABLES ROUGES DEFERLENT ~ Le Mardi Gras, une marée rouge inonde les rues. Tout le monde est paré de cette couleur et les diables rouges donnent le ton avec leur manteau d’un rouge vif serti de miroirs et ponctuée d’une queue de bœuf. Ils arborent des masques effrayants comportant des miroirs symboles de connaissance et des cornes en signe d’abondance. Depuis des siècles, ils font régner une terreur festive, s’amusant à faire peur aux petits et aux grands ! Ce jour-là, orchestres de rue, groupes à pied et chars sonorisés entraînent la foule dans un défilé endiablé.

Légendes : 4. Groupe à pied. © H.Salomon. 5. Diable rouge. ©G.Germain

MERCREDI DES CENDRES : L’ADIEU AU ROI ~ Ce jour sonne le glas du carnaval. Tous et toutes s’apprêtent à tirer leur révérence au roi « Vaval ». Les diablesses – issues d’une ancienne légende populaire – font une dernière fois la fête avant le temps des larmes. Des milliers de carnavaliers et spectateurs maquillent les rues de noir et blanc par leur présence. Un chant retentit sans cesse : « Magré lavi-a red, Vaval ka kité nou ! » (en dépit de la dureté de la vie, Vaval nous quitte). Les femmes et maîtresses de Vaval – généralement des hommes habillés en femmes – se muent en pleureuses et encore plus dans la soirée quand Vaval est brûlé. Mais quoi de mieux que la fête pour noyer son chagrin : elle se poursuit d’ultimes soirées. Une manière festive d’amorcer un deuil qui durera un an, la tête pleine de souvenirs et déjà impatiente du prochain carnaval. 

Auteur Agnès Monlouis-Félicité 

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