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L’ÉMERVEILLEMENT AMOUREUX, PAR BARBARA KELLER

L’ÉMERVEILLEMENT AMOUREUX, PAR BARBARA KELLER

L’émerveillement amoureux, par Barbara Keller

« Coudre des mots et des jours
Jusqu’à toi
Mon amour »
Ces vers pourraient à eux-seuls tracer le fil de la relation passionnelle, complexe, inévitable, des 2 protagonistes ciselés par l’auteur d’ « Ile n’était pas d’ici ». Par le biais d’une poésie qui chante au rythme de ses amours et émotions, Barbara Keller s’envole et nous emporte, en mots et en images.

Dans son premier livre Barbara Keller, réunit mots et photos dans une composition atypique et multi-dimensionnelle. Romantique, sensuel, spirituel, joyeux, touchant, parfois triste et tourmenté, le récit conte une histoire d’amour. Les mots de l’auteur s’éperlent tout au long des pages des deux côtés de l’Atlantique. « Lui », artiste anonyme, vit à Paris et est originaire des Antilles. « Elle », Barbara Keller, journaliste photoreporter et plasticienne, vit en Guadeloupe depuis vingt-cinq ans et a grandi sur le continent.

« Tu enchaînes les hivers, les automnes…
Ici, les couchers de soleil se collectionnent 
Les saisons passeront sous les ponts de Paris,
Péniches, pavés et Tuilerie
Et que notre Dame me pardonne
Ici, l’angelus créole, c’est le coq qui le sonne »

En feuilletant les pages une première fois, l’on s’imagine être face à un recueil de poésie pouvant se lire hasardeusement. C’est peut-être le cas. L’esthétisme de l’écriture y résisterait sans doute. Toutefois, l’on pourrait passer à côté du roman véritable, un récit poétique écrit en prose, avec un vrai début et une presque fin. « Presque », parce que la vie continue…

« Tresser entre elles les minutes ; les secondes
Et voir la trame se dessiner, ni avenir, ni passé »

Poème Jusqu’à toi

Au début de la lecture, une trame se dessine d’emblée et l’on tourne les pages comme celles d’un feuilleton. Celui d’une histoire d’Amour « extra-ordinaire » défiant temps et espace au risque d’en être brisée… sans ne l’être finalement jamais vraiment.

« Peau de chagrin au levain de nouveaux matins
Synchronicités orangées
Saison des mangues qui s’éclatent au sol
Et dévoilent à l’air libre leurs entrailles »

Poème Automne

Crédit photos : Barbara Keller

Un de ces amours sans époque et sans lieu, comme on les conte depuis les temps plus anciens. Adam et Eve, Tristan et Iseult, Romeo et Juliette… Un peu tout cela à la fois. Amour possible mais impossible. Amour permis mais interdit. Amour fluide mais contrarié. Amour charnel mais platonique par la distance souvent imposée aux corps. Barbara Keller dessine une passion pour une âme que l’on devine sœur et transmet au passage celle qu’elle nourrit pour la Guadeloupe aussi. Cette île qui l’a un jour accueillie et qu’elle a embrassée.

« Karukera ma mère
Négresse solitude en terre
Et mon cœur comme un cratère
Saigne du sable noir »

Poème Karukera

L’île est protagoniste à part entière : exil, identité, histoire… elle porte en elle des thématiques universelles auxquelles l’auteur est sensible et sur lesquelles elle porte un regard réfléchi. De l’architecture aux saisons qui s’étiolent, Paris est quant à elle est dépeinte dans ses contrastes et tout ce qu’elle inspire aux amants amoureux : mélancolie contagieuse, grisaille mortifère mais aussi fougue et splendeur… L’on suit la relation au fil du temps, du prisme de la Guadeloupe et de celui de l’Hexagone, à travers des époques et saisons que Barbara Keller décrit avec la précision d’un pinceau presque plus que d’une plume.

Cet ouvrage remue les sens : la vue par le phrasé métaphorique et les photographies prises par l’auteur elle-même ; l’ouïe par les sonorités orchestrées par l’enchaînement des mots. Les plus sensibles ressentiront chaque frôlement, frémissement et toutes les nuances d’émotions partagées par Barbara Keller.

« Au doux vent des rivages,
Aux lents flots sages, reviennent toutes nos images
Nouvelle frise du temps
A l’aube des prophéties
Catharsis de part et d’autre du silence »

Poème Noctambule

Le récit s’achève ainsi, comme une vague qui revient à la mer après avoir caressé – ou battu – le rivage, emportant du sable en son sillon et laissant derrière elle un calme éphémère.

Auteur : Agnès Monlouis-Félicité

île n’était pas d’ici
Recueil de textes et photographies
120 pages
Éditions Neg Mawon ~ 18€

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